Tribunes

Appel à la haine anti-asiatique sur Twitter

Mar 25, 2021
AJCF

Le même soir de l'annonce du 2ème confinement national par le président Emmanuel Macron, de nombreux tweets haineux appelant à agresser des personnes d’origine asiatique ont circulé sur les réseaux sociaux.


J’appelle tout mes renois et tout mes rebeus du 91, 92, 93, 94, 95 à agresser chaque chinois qu’ils croiseront dans la rue ”.

Extraits des tweets d'appel à la haine
Hitler aurait dû tuer les Chinois, pas les Juifs ”.

Ou encore

" Ça va aller dans le 13ème chasser du chinois ”.

Voici quelques exemples de tweets que l'on peut voir circuler sur les réseaux sociaux depuis la fin octobre.

L'impact de nos actions

L’AJCF a le soir même réagi en lançant une alerte générale contre ces messages à caractère raciste et ces appels à la violence à l’encontre des personnes d’origine asiatique, qui se sont vues accusées d’être à l’origine de la propagation de l’épidémie de la Covid-19. 

Tout en alertant la Préfecture de Paris et d’Ile-de-France, l’AJCF a également transmit ces informations au Ministère de l’Education nationale, à la Délégation interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT (DILCRAH) et au Défenseur des droits. En outre, l’AJCF enjoint les victimes ou témoins d’actions et/ou de propos répréhensibles à porter plainte ou à le signaler auprès d’une association.

Suite à cette mobilisation, une enquête a été ouverte pour “provocation publique à commettre une atteinte à l’intégrité physique d’une personne à caractère raciste”. Les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance contre la personne.

Suite à cette enquête, cinq jeunes hommes furent identifiés et jugés le mercredi 24 mars 2021 devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Un procès sur la haine anti-asiatique, entre regret et insconscience

Pour ce procès inaugural du Pôle national de lutte contre la haine en ligne récemment créé, huit associations s’étaient constituées parties civiles : Vigil’ance, BNVCA (Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme), la Ligue française pour la Défense des droits de l’Homme et du citoyen (LDH) , SOS racisme Touche pas à mon pote, Respect Zone, la Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA), le Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP) et l’Association des Jeunes Chinois de France (AJCF).

Le Tribunal a ainsi condamné quatre des cinq prévenus à suivre un stage de citoyenneté à leurs propres frais et à verser un total de 9000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles, principalement à l’AJCF, seule représentante des populations asiatiques lors de ce procès.

Ces condamnations semblent légères aux yeux de toutes les personnes inquiètes, exaspérées et furieuses face à la recrudescence manifeste du racisme anti-asiatique depuis plus d’un an maintenant. Néanmoins, il faut saluer le fait que ces sentiments de peur et de colère - entièrement légitimes - ont été considérés par le Parquet, qui a rapidement ordonné l’enquête et la poursuite des auteurs de ces appels à la haine et à la violence. À ce titre, le procès qui vient de se tenir est une première pour les personnes d’origine asiatique en France.

Dans ce contexte extrêmement difficile pour l’ensemble des communautés asiatiques, un message fort a été lancé aujourd’hui : dispenser de la haine, que ce soit hors ligne ou en ligne, constitue un délit susceptible d'être puni par la loi. Parce qu’il existe une corrélation étroite entre les paroles et les actes, toute incitation à la haine doit être fermement condamnée.

Rappelons que ce procès n’aurait pu aboutir sans une mobilisation collective. C’est grâce aux nombreuses plaintes déposées et à la multitude des signalements sur les plateformes institutionnelles et sur les réseaux sociaux, que ce procès sans précédent dans l’histoire des Asiatiques de France a pu aboutir. Soyons solidaires et continuons à agir !

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